Citations de Julien Green:
- Rien ne ressemble plus à des vies ratées que certaines réussites.
- Il est une seconde où notre destinée tout entière se décide, mais cette seconde est le fruit d'une longue série d'actions dont nous ne voyons pas qu'elles sont liées entre elles par un secret enchaînement.
- Pensé aujourd'hui qu'une des seules choses dont je sois fier est de n'avoir jamais écrit un quart de ligne pour de l'argent, ni donné le plus léger coup de chapeau pour obtenir un prix.
- Une bibliothèque, c'est le carrefour de tous les rêves de l'humanité.
- Un monsieur très bavard vient me dire en deux heures et demi ce qu'il eût pu très bien m'apprendre en dix minutes. On ne songerait pas à donner sa fortune à autrui, dit Montaigne, et cependant on lui donne son temps.
- L'homme est libre, mais il fait de telle sorte qu'il se croit prisonnier dans une geôle étroite. Comme il l'aime, sa geôle ! Il l'appelle Fatalité, Religion, Destin, Patrie.
- On n'apprend, on ne retient bien que ce qu'on a acquis difficilement.
- Je ne voulais pas avoir les mêmes désirs que des hommes que je méprisais.
- J'écris mes livres pour savoir ce qu'il y a dedans.
- Étrange de penser qu'à notre époque, la liberté de tout dire enfin conquise (que pourrait-on dire qui soit interdit ?), cette liberté se trouve maintenant en danger, parce qu'il faut penser comme le plus grand nombre, autrement c'est le silence et l'ostracisme.
- Ecrire des livres console l'écrivain de tout ce que la vie lui refuse. Peut-être même une vie comblée eût-elle été pour lui une vie stérile. L'homme satisfait n'écrit pas.
- La pensée vole et les mots vont à pied. Voilà tout le drame de l'écrivain.
- La lecture impose le silence dans un monde qui ne sait plus désormais lui faire de place.
- Nous pensons accroître notre bonheur en multipliant nos richesses alors que nous multiplions aussi les causes de souffrance.
- Qu'est-ce, en effet, que l'imagination, sinon la mémoire de ce qui ne s'est pas encore produit ?
- Il y a une étrange satisfaction à toucher le fond du désespoir ; l'excès du malheur procure une espèce de sécurité, havre de grâce pour l'âme naufragée qui n'ose plus croire. Telle détresse morale est l'abri le plus sûr, tel abandonnement, le repos.
- À certains moments de ma vie, j'ai trouvé un réconfort dans le simple fait que je mettais pas écrit ce qui me souciait le plus. Il me semble, alors que mon coeur est le plus troublé, que je fais passer une partie de mon malaise sur la page blanche et que là, emprisonné par les jambages des lettres, mon ennui se dissipe quelque peu. C'est peut-être l'origine de toute une série de livres qui n'avaient d'autre raison d'exister que de rendre la paix intérieure à qui les écrivit.
- Je me sens autre, je me sens seul, je ne parle pas le langage qu'on parle autour de moi. Autrefois, j'en ai souffert, je voulais dire ce que j'avais au fond du coeur, mais j'ai renoncé, on ne peut pas.
- C'est peut-être la plus grande consolation des opprimés que de se croire supérieurs à leurs tyrans.
- Je me demande parfois quelles bêtes féroces nous deviendrions si un peu d'hypocrisie religieuse ne venait pas tempérer nos mauvais instincts.
- Fraîche et joyeuse, la psychanalyse envahissait le Nouveau Monde. "Ils ne savent pas que je leur apporte la peste", disait Freud.
- Une grande partie de la littérature universelle n'est sans doute qu'une littérature de compensation. Un homme perpétuellement assouvi écrirait-il ?
- Le cerveau de beaucoup de gens ressemble à un magasin banal rempli de meubles faits en série et de vêtements de confection. Quelquefois on voit dans cet endroit triste et ennuyeux des pancartes avec ces mots : "Opinions sur mesure." ou bien : "Pourquoi conserver des opinions hors d'usage ? Confiez-les nous ! L'envers vaut l'endroit."
- Beaucoup de choses nous sont offertes à seule fin que nous puissions renoncer à elles.
- Un tableau n'a rien à dire à qui ne le regarde pas au moins cinq minutes.
- Il me semble que ce que nous faisons de plus sérieux sur cette terre, c'est d'aimer, le reste ne compte guère.
- Passé une grande partie de l'après-midi à la Pratt Library. J'aime ces grandes salles où règne l'étude. Une bibliothèque, c'est le carrefour de tous les rêves de l'humanité.
- Il ne peut y avoir de progrès véritable qu'intérieur. Le progrès matériel est un néant.
- Cette question, je me la pose pour tous mes livres. Il y a là un danger dont je crois qu'on n'a jamais parlé. Si l'on écrit son livre avec trop de lenteur, on risque de ne plus vouloir le finir, parce que celui qui devrait le finir n'est plus la même personne que celui qui l'a commencé.
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