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François-René de Chateaubriand, citations

 

Citations de François-René de Chateaubriand:




- Il y a des moments où notre destinée, soit qu'elle cède à la société, soit qu'elle obéisse à la nature, soit qu'elle commence à nous faire ce que nous devons demeurer, se détourne soudain de sa ligne première, telle qu'un fleuve qui change son cours par une subite inflexion.

- Je sens que j'aime la monotonie des sentiments de la vie, et si j'avais encore la folie de croire au bonheur, je le chercherais dans l'habitude.

- Le vrai bonheur coûte peu; s'il est cher, il n'est pas d'une bonne espèce.

- De tout pouvoir éventré et exposé à la lumière sort la vermine que l'on avait adorée.

- La colère, comme la faim, est mère des mauvais conseils.

- Les passions sont les mêmes dans tous les siècles, les idées changent avec la succession des âges.

- C'est une très méchante manière de raisonner que de rejeter ce qu'on ne peut comprendre.

- Très peu sensible à l'esprit, il m'est presque antipathique, bien que je ne sois pas une bête. Aucun défaut ne me choque, excepté la moquerie et la suffisance que j'ai grand' peine à ne pas morguer ; je trouve que les autres ont toujours sur moi une supériorité quelconque, et si je me sens par hasard un avantage, j'en suis tout embarrassé.

- Les infirmités de l'âme et du corps ont joué un rôle dans nos troubles : l'amour−propre en souffrance a fait de grands révolutionnaires.

- Ceux qui me traitent d’hypocrite et d’ambitieux me connaissent peu : je ne réussirai jamais dans le monde, précisément parce qu’il me manque une passion et un vice, l’ambition et l’hypocrisie. La première serait tout au plus chez moi de l’amour-propre piqué ; je pourrais désirer quelquefois être ministre ou roi pour me rire de mes ennemis ; mais au bout de vingt-quatre heures je jetterais mon portefeuille et ma couronne par la fenêtre.

- Jamais aucun talent, aucune supériorité ne m'amènera à consentir au pouvoir qui peut d'un mot me priver de mon indépendance, de mes foyers, de mes amis; si je ne dis pas de ma fortune et de mon honneur, c'est que la fortune ne me parait pas valoir la peine qu'on la défende; quant à l'honneur, il échappe à la tyrannie: c'est l'âme des martyrs; les liens l'entourent et ne l'enchaînent pas; il perce la voûte des prisons et emporte avec soi tout l'homme.

- Possédé de sa propre existence, Bonaparte avait tout réduit à sa personne; Napoléon s'était emparé de Napoléon; il n'y avait plus que lui en lui.

- Les corruptions de l’esprit, bien autrement destructives que celles des sens, sont acceptées comme des résultats nécessaires ; elles n’appartiennent plus à quelques individus pervers, elles sont tombées dans le domaine public.

- Voilà comment s'expliquent le dépérissement de la société et l'accroissement de l'individu. Si le sens moral se développait en raison du développement de l'intelligence, il y aurait contrepoids et l'humanité grandirait sans danger, mais il arrive tout le contraire: la perception du bien et du mal s'obscurcit à mesure que l'intelligence s'éclaire; la conscience se rétrécit à mesure que les idées s'élargissent.

- Toutes les âmes n'ont pas une égale aptitude au bonheur, comme toutes les terres ne portent pas également des moissons.

- La conversation des esprits supérieurs est inintelligible aux esprits médiocres, parce qu'il y a une grande partie du sujet sous-entendue et devinée.

- L'âme de l'homme est transparente comme l'eau de fontaine, tant que les chagrins qui sont au fond n'ont point été remués.

- Les grandes afflictions semblent raccourcir les heures comme les grandes joies : tout ce qui préoccupe fortement l'âme empêche de compter les instants.

- La médiocrité est assez souvent secondée par des circonstances qui donnent à ses desseins un air de profondeur. Ces hommes impuissants qui, pour la foule, paraissent diriger la fortune, sont tout simplement conduits par elle, comme ils lui donnent la main, on croit qu'ils la mènent.

- L'amour-propre et l'intérêt ne m'ont pas paru des raisons assez bonnes, même dans ce siècle, pour manquer à la délicatesse.

- Quand la liberté a disparu, il reste un pays, mais il n’y a plus de patrie.

- L'homme n'a pas une seule et même vie ; il en a plusieurs mises bout à bout, et c'est sa misère.

- On s'étonne du succès de la médiocrité ; on a tort. La médiocrité n'est pas forte par ce qu'elle est en elle-même, mais par les médiocrités qu'elle représente ; et dans ce sens sa puissance est formidable. Plus l'homme en pouvoir est petit, plus il convient à toutes les petitesses.

- Le danger apprend aux hommes leur faiblesse et unit leurs vœux.

- En général, on parvient aux affaires par ce qu'on a de médiocre, et l'on y reste par ce qu'on a de supérieur. Cette réunion d'éléments antagonistes est la chose la plus rare, et c'est pour cela qu'il y a si peu d'hommes d'Etat.

- Si tu souffres plus qu'un autre des chose de la vie, il ne faut pas t'en étonner; une grande âme doit contenir plus de douleur, qu'une petite.

- L'homme n'a pas besoin de voyager pour s'agrandir; il porte en lui l'immensité.

- On se réconcilie avec un ennemi qui nous est inférieur pour les qualités du cœur ou de l'esprit ; on ne pardonne jamais à celui qui nous surpasse par l'âme et le génie.

- Les ennemis n'aiment aucune espèce de succès, même les plus misérables, et c'est les punir que de réussir dans un genre où ils se croient eux-mêmes sans égal.

- Plus le crime obtient de victoires, moins je capitule.

- La vie, le bonheur, l'infortune, tiennent à un souffle. Vous mourez : deux heures après on ne pense plus à vous. Vous vivez, on n'y pense pas davantage. Qu'importent vos joies, vos peines, votre existence, non seulement à votre voisin qui ne vous a jamais vu, mais encore à cette tourbe qu'on appelle vos amis ? Pourquoi donc se faire une affaire de la vie ? elle ne mérite pas la moindre attention.

- Les hommes que la nature n'a pas trempés assez fortement pour être au−dessus de toutes les chances du sort et de la fortune parurent ébranlés, perdirent leur gaieté, leur bonne humeur, et ne rêvèrent que malheurs et catastrophes ; ceux qu'elle a créés supérieurs à tout conservèrent leur gaieté, leurs manières ordinaires, et virent une nouvelle gloire dans des difficultés différentes à surmonter.

- Le style, et il y en a de mille sortes, ne s'apprend pas ; c'est le don du ciel, c'est le talent.

- La misère de l'homme ne consiste pas seulement dans la faiblesse de sa raison, l'inquiétude de son esprit, le trouble de son cœur; elle se voit encore dans un certain fond ridicule des affaires humaines. Les révolutions surtout découvrent cette insuffisance de notre nature: si vous les considérez dans l'ensemble, elles sont imposantes; si vous pénétrez dans le détail, vous apercevez tant d'ineptie et de bassesse, tant d'hommes renommés qui n'étaient rien, tant de choses dites l'oeuvre du génie, qui furent l'oeuvre du hasard, que vous êtes également étonné et de la grandeur des conséquences et de la petitesse des causes.

- Les autres nous semblent toujours plus heureux que nous, et pourtant ce qu'il y a d'étrange, c'est que l'homme qui changerait volontiers sa position ne consentirait presque jamais à changer sa personne. Il voudrait bien peut-être se rajeunir un peu, pas trop encore, et marcher droit s'il était boiteux ; mais il se conserverait tout l'ensemble de sa personne, dans laquelle il trouve mille agréments et un je ne sais quoi qui le charme. Quant à son esprit, il n'en altérerait pas la moindre parcelle : nous nous habituons à nous-mêmes et nous tenons à notre vieille société.

- Les forêts précédent les civilisations, les déserts les suivent.

- Croyez-moi, mon fils, les douleurs ne sont point éternelles; il faut tôt ou tard qu'elles finissent, parce que le cœur de l'homme est fini; c'est une de nos grandes misères: nous ne sommes pas même capables d'être longtemps malheureux.

- Il y a toujours quelques points par où deux cœurs ne se touchent pas, et ces points suffisent à la longue pour rendre la vie insupportable.

- Tous les hommes ont un secret attrait pour les ruines. Ce sentiment tient à la fragilité de notre nature, à une conformité secrète entre ces monuments détruits et la rapidité de notre existence.

- On habite avec un cœur plein un monde vide, et sans avoir usé de rien, on est désabusé de tout.

- Pour être l'homme de son pays, il faut être l'homme de son temps.

- Hélas ! mon cher fils, la douleur touche de près au plaisir.

- Plus la saison était triste, plus j'étais heureux. J'ai toujours aimé l'automne, la pluie, les vents, les frimas, en rendant les communications moins faciles, isolent les habitants des campagnes; on se sent à l'abri des hommes.

- Si tu crains les troubles du cœur, défie-toi de la solitude : les grandes passions sont solitaires, et les transporter au désert, c'est les rendre à leur empire.

- Quand un homme est devenu fameux, on lui compose des antécédents.

- L'écrivain original n'est pas celui qui n'imite personne, mais celui que personne ne peut imiter.


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